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Analyse de la grippe H1N1 par Giovanni Maciocia - 2009

Sylviane Burner, traductrice française de Giovanni Maciocia, m'a fait parvenir une note qui avait été écrite par Giovanni à propos de la grippe H1N1 et de l'analyse MTC de cette épidémie.

Je pense que c'est intéressant de partager cet article car le mécanisme de la pandémie actuel est proche.

Un grand merci à Sylviane pour nous avoir donné l'autorisation de publier ce texte. 

 

 

 

LES TROIS TRÉSORS

LETTRE D’INFORMATION DE JUILLET 2009

LA GRIPPE A (H1N1)

 

La nouvelle souche de grippe A (H1N1) a été signalée pour la première fois cette année (2009) à Mexico. Le spectre des symptômes provoqués par l’infection virale de cette nouvelle grippe A (H1N1) va d’une maladie des voies respiratoires légère et sans fièvre à la pneumonie grave et mortelle. La plupart des cas semble se résumer à une sorte de grippe classique et sans complications avec guérison spontanée. Les symptômes les plus couramment signalés comprennent de la toux, de la fièvre, un mal de gorge, une sensation de malaise, des maux de tête.

Les symptômes les plus souvent constatés sont :

ü  de la toux,

ü  de la fièvre,

ü  un mal de gorge,

ü  une sensation de malaise

ü  des maux de tête.

La fièvre s’est révélée absente chez certains patients non hospitalisés et chez 1 à 6 patients hospitalisés ayant survécu. Aux États-Unis, on a constaté des symptômes gastro-intestinaux (nausées et/ou vomissements) dans 38% des cas de patients non hospitalisés[1].

Pratiquement la moitié des patients hospitalisés aux États-Unis et 21 des 45 cas mortels (46%) au Mexique pour lesquels des données étaient accessibles, présentaient auparavant une situation particulière comme une grossesse, de l’asthme, des troubles pulmonaires, du diabète, une obésité morbide, des troubles auto-immunes et des traitement immunitaires immunosuppresseurs, des troubles neurologiques et des pathologies cardiaques.

Parmi les 45 cas mortels enregistrés au Mexique, 54% des patients, âgés de 20 à 59 ans, étaient auparavant en bonne santé. Le taux de cas mortels est plus faible chez les enfants et les adolescents que chez les adultes pour des raisons qu’il faudra élucider. Une évolution rapide des troubles respiratoires a été constatée dans la presque totalité des cas mortels.

« Une évolution rapide des troubles respiratoires a été constatée dans la presque totalité des cas mortels ».

Du point de vue de la médecine chinoise, cette pathologie est due à un « passage du facteur pathogène de la couche du Qi Protecteur (Wei) à la couche du Qi (Qi) dans le cadre d’un tableau de Chaleur du Poumon, puis parfois à la couche du Qi Nourricier (Ying) et à la couche du Sang (Xue).

Au Mexique, dans les 45 cas mortels, le temps moyen entre l’apparition de la maladie et l’hospitalisation a été de 6 jours, contre 4 jours chez les patients hospitalisés aux États-Unis. Les symptômes présentés par les personnes décédées comprennent de la fièvre, de l’essoufflement, une myalgie, des malaises graves, de la tachycardie, de la tachypnée, une faible saturation en oxygène et parfois de l’hypotension et une cyanose. Plusieurs patients ont connu un arrêt cardio-pulmonaire peu de temps après leur admission à l’hôpital. Les diarrhées se sont révélées rares chez les personnes hospitalisées[2].

Les signes de la grippe A (H1N1) sont des signes semblables à ceux de la grippe, y compris de la fièvre, de la toux, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulatoires, un mal de gorge et un nez qui coule, et parfois des vomissements et des diarrhées.

 

 

WEN BING ET LES QUATRE COUCHES

 

Les infections respiratoires aiguës ne peuvent pas se diagnostiquer et se traiter sans une compréhension correcte de la théorie des Quatre Couches. Du point de vue de la médecine chinoise, les stades initiaux d’une infection respiratoire aiguë se traduisent généralement par des symptômes d’invasion de Vent. On peut interpréter ceux-ci selon la théorie des 6 Niveaux du Shang Han Lun ou selon la théorie des 4 Couches de l’école Wen Bing qui, d’après mon expérience clinique, est plus pertinente ans ce cas.

Le « Traité des maladies dues au froid » (Shang Han Lun) de Zhang Zhong Jing a fourni la base la plus ancienne pour le diagnostic et le traitement des maladies dues au Vent-Froid externe. Bien que ce célèbre texte classique aborde aussi les invasions de Vent-Chaleur et leur traitement, il a fallu attendre la fin du 17ème siècle pour qu’une théorie complète des maladies externes dues au Vent-Chaleur voie le jour grâce à l’École des maladies de type Chaleur (Wen Bing). Les deux écoles de pensée qui constituent les piliers du diagnostic et du traitement des pathologies externes en médecine chinoise sont séparées par 15 siècles : ce sont « l’École des maladies dues au Froid » (École du Shang Han), qui repose sur le « Traité des maladies dues au froid » (Shang Han Lun) de Zhang Zhong Jing (aux environs de 220) et l’École des maladies de type Chaleur (École des Wen Bing), née à la fin du 17ème siècle et au début du 18ème siècle. Les principaux défenseurs de cette école étaient Wu You Ke (1582-1652), Ye Tian Shi (1667-1746) et Wu Ju Tong (1758-1836).

 

WEN BING - LES QUATRE COUCHES

Qu’est-ce que « Wen Bing » veut dire ? Les médecins de cette école, évoqués ci-dessus, ont introduit des innovations importantes dans la théorie du Vent en médecine chinoise. L’École des Wen Bing part du principe que certains facteurs pathologiques externes vont bien au-delà des caractéristiques naturelles du « Vent ». Ils sont si virulents et si forts que, quelle que soit la force du Qi de la personne, les hommes, les femmes et les enfants tombent malades par douzaines. Plus encore, pour la première fois dans l’histoire de la médecine chinoise, ces médecins reconnaissent que ces facteurs pathogènes sont infectieux.

Une autre idée novatrice qui a germé dans cette école est que les facteurs pathogènes qui engendrent des Wen Bing, toutes relevant de la catégorie du Vent-Chaleur, pénètrent par le nez et la bouche plutôt que par la peau, comme c’est le cas pour le Vent-Froid.

Les caractéristiques essentielles des maladies Wen Bing se résument ainsi :

1)    à leur stade initial, elles se traduisent par des signes et symptômes généraux de Vent-Chaleur (le Vent-Chaleur est pris ici au sens large car il peut aussi se manifester sous forme de Chaleur-Humidité, de Chaleur de l’Été, de Chaleur de l’Hiver, de Chaleur du Printemps et de Chaleur-Sécheresse) ;

2)    la fièvre est toujours présente ;

3)    ce sont des maladies infectieuses ;

4)    le Vent-Chaleur pénètre par le nez et la bouche ;

5)    le facteur pathogène est particulièrement fort ;

6)    le Vent-Chaleur a une forte tendance à se transformer en Chaleur interne

7)    une fois à l’Intérieur, la Chaleur a une forte tendance à assécher les liquides organiques.

Il est facile de voir que cette théorie correspond parfaitement à la conception moderne des maladies virales infectieuses comme la grippe.

 

Une épidémie ou une pandémie de grippe est typiquement une maladie Wen Bing parce que le facteur pathogène est extrêmement virulent et a une forte tendance à pénétrer très rapidement dans la couche du Qi (provoquant des infections de la poitrine).

 

Nous ne sommes pas toujours en mesure d’arrêter une maladie Wen Bing au niveau de la couche du Qi Protecteur (Wei) : même si on ne peut pas l’arrêter au niveau de l’Extérieur, la médecine chinoise peut sans aucun doute arriver à :

ü  soulager les symptômes,

ü  raccourcir la durée de la maladie

ü  éviter que le facteur pathogène n’atteigne les couches du Qi Nourricier (Ying) et du Sang (Xue) (voir plus loin),

ü  prévenir les complications,

ü  prévenir la formation de facteur pathogène résiduel.

 

Les Quatre Couches

Les Quatre Couches sont :

  1. I.               Couche du Qi Protecteur (Wei)

Vent-Chaleur

Chaleur-Humidité

Chaleur de l’Été

Vent-Chaleur-Sécheresse

  1. II.             Couche du Qi (Qi)

Chaleur du Poumon

Chaleur de l’Estomac

Chaleur-Sécheresse de l’Estomac et des Intestins

Chaleur de la Vésicule Biliaire

Chaleur-Humidité de la Rate et de l’Estomac

  1. III.           Couche du Qi Nourricier (Ying)

Chaleur du Maître du Cœur

Chaleur du Qi Nourricier

  1. IV.           Couche du Sang (Xue)

La Chaleur Victorieuse agite le Sang

La Chaleur Victorieuse agite le Vent

Le Vent-Vide agite l’Intérieur

Effondrement du Yin

Effondrement du Yang.

 

La première Couche concerne le stade externe d’une invasion de Vent-Chaleur ; les trois autres Couches décrivent les pathologies qui surviennent lorsque le facteur pathogène pénètre à l’Intérieur et se transforme en Chaleur. Les Quatre Couches représentent différents niveaux de profondeur de l’énergie, la première concernant l’Extérieur et les trois autres l’Intérieur. Ce qui est intéressant dans cette théorie est la distinction, pour ce qui est de l’Intérieur, de trois couches différentes, la Couche du Qi étant la plus superficielle (à l’Intérieur) et la Couche du Sang la plus profonde.

 

Couche du Qi Protecteur (Wei)

Les principaux symptômes de l’invasion de Vent-Chaleur sont une crainte du froid, des frissons, de la fièvre, un mal de gorge, des amygdales gonflées, des maux de tête et des courbatures, des éternuements, de la toux, un écoulement nasal jaune, des urines légèrement foncées, une langue aux bords légèrement Rouges et un pouls Rapide et Flottant. Il est intéressant de noter que la crainte du Froid est également présente dans l’invasion de Vent-Chaleur car elle vient de ce que le Vent-Chaleur bloque le Qi Protecteur qui n’arrive alors plus à réchauffer les muscles. Cela correspond au stade initial de la grippe, lorsque le patient « craint le froid ».

            Pour ce qui est du traitement, notre objectif va être de chasser le Vent de la Couche du Qi Protecteur : même si ce n’est pas toujours entièrement possible, cela va rendre les symptômes de la couche du Qi plus légers et va éviter des complications.

 

Couche du Qi

Au niveau de la Couche du Qi, le Vent pénètre à l’Intérieur et se transforme en Chaleur Interne ou en Glaires-Chaleur. En cas de grippe, cela se traduit généralement par une bronchite ou une pneumonie. La Couche du Qi est une couche cruciale car le facteur pathogène peut être complètement expulsé ou peut pénétrer plus avant dans l’Intérieur et atteindre les Couches du Qi Nourricier et du Sang.

            Les symptômes liés à la Couche du Qi sont des symptômes de Plénitude Chaleur Interne : forte fièvre, soif, transpirations, sensation de chaleur, face rouge.

            Au niveau de la Couche du Qi, la langue est Rouge avec un enduit jaune épais et le Pouls est Plein et Rapide. Tant qu’il y a un enduit lingual, la pathologie est encore dans la Couche du Qi. Lorsque l’enduit disparaît, ce sont les Couches du Qi Nourricier et du Sang qui sont atteintes.

 

Couche du Qi Nourricier (Ying)/ Couche du Sang (Xue)

Au niveau des Couches du Qi Nourricier ou du Sang, la Chaleur a lésé le Yin, de sorte que la langue n’a plus d’enduit (et qu’elle est Rouge). L’atteinte des Couches du Qi Nourricier et du Sang est toujours dangereuse car elle peut entraîner la mort. Le Vent interne peut apparaître au niveau de la Couche du Sang. Des convulsions infantiles dans le cadre d’une maladie fébrile de type Chaleur traduit toujours la présence d’un Vent interne dans la Couche du Sang.

            Les symptômes de la Couche du Qi Nourricier (Ying) comprennent la fièvre nocturne, la confusion mentale, le délire, des mains froides, une langue Rouge sans enduit. Les symptômes de la Couche du Sang (Xue) sont la fièvre nocturne, parfois des convulsions, des macules, des saignements, une langue Rouge sans enduit.

 

 

LA GRIPPE

 

L’atteinte par le rhume courant ou le virus de la grippe se fait par les voies respiratoires supérieures et peut survenir à n’importe quelle saison mais elle est plus fréquente en hiver ou au printemps. En médecine chinoise, elle se manifeste généralement par des symptômes de Vent-Chaleur.

            La grippe est une infection virale des voies respiratoires supérieures. Elle peut être provoquée par les virus A, B ou C de la grippe. L’épidémie de grippe actuelle est de type A et de souche H1N1.

 

ÉTIOLOGIE ET PATHOLOGIE

Une invasion par un facteur pathogène est due à un déséquilibre temporaire et relatif entre le facteur pathogène et le Qi du corps. Ce déséquilibre peut survenir soit parce que le Qi du corps est temporairement et relativement faible, soit parce que le facteur pathogène est extrêmement fort. Le Qi du corps peut être temporairement et relativement faible en raison d’un surmenage, d’une activité sexuelle excessive, d’une alimentation irrégulière, d’une tension émotionnelle ou de l’association de ces différents facteurs. Lorsque le corps est ainsi affaibli, même un facteur pathogène faible peut engendrer une invasion de Vent externe.

            Le « Vent » correspond à la fois à un facteur étiologique et à une pathologie. En tant que facteur étiologique, il renvoie littéralement aux facteurs climatiques et plus particulièrement aux changements climatiques brusques auxquels le corps n’arrive pas à s’adapter. En tant que pathologie, le « Vent » renvoie à un ensemble de signes et symptômes qui se manifestent par un Vent-Froid ou un Vent-Chaleur. En pratique clinique, c’est là l’aspect le plus important du concept de « Vent ». Ainsi, le diagnostic d’invasion par le « Vent » ne se pose pas en termes de contexte (il est inutile de demander au patient s’il a été exposé ou non au vent) mais sur la base des signes et symptômes. Si une personne présente tous les signes et symptômes du « Vent » (crainte du froid, frissons, fièvre, éternuements, nez qui coule, mal de tête et pouls Flottant), alors la pathologie est une pathologie de Vent externe, quel que soit le climat auquel la personne a été exposée les jours ou les heures auparavant.

            Il y a effectivement aussi des pathologies chroniques qui se traduisent par des symptômes de type « Vent » et qui sont traitées comme telles, même si elles n’ont aucun lien avec les facteurs climatiques. Par exemple, la rhinite allergique (provoquée par les acariens ou les pollens) se traduit par des signes et symptômes de « Vent » et se traite comme telle.

            La grippe peut se manifester essentiellement par des symptômes de Vent-Chaleur.

 

Fièvre et sensation simultanée de froid

La survenue simultanée de frissons et de fièvre est le symptôme le plus caractéristique du début d’une invasion de Vent. Elle indique qu’il y a invasion d’un facteur pathogène externe et que ce facteur est encore à l’Extérieur. Tant qu’il y a des frissons, le facteur pathogène est encore à l’Extérieur.

            Je vais maintenant détailler la pathologie et la signification clinique de la « crainte du froid » et de la « fièvre » au stade initial d’une invasion de Vent externe.

 

Crainte du froid

Dans les tableaux externes, la crainte du froid et la sensation de froid viennent de ce que le Vent externe obstrue l’espace compris entre la peau et les muscles, là où circule le Qi Protecteur ; comme c’est le Qi Protecteur qui réchauffe les muscles, son obstruction par le Vent fait que le patient a froid et qu’il frissonne (même si le facteur pathogène est le Vent-Chaleur). Ainsi, le Qi Protecteur n’est pas nécessairement faible, il est seulement bloqué dans l’espace compris entre la peau et les muscles.

            C’est pourquoi, dans les tableaux externes, le Vent-Froid et le Vent-Chaleur provoquent tous deux une sensation de froid et des frissons. C’est une erreur courante que de croire que le Vent-Chaleur n’engendre pas une sensation de froid et des frissons. Parce que la sensation de froid vient du blocage du Qi Protecteur par le Vent (qu’il s’agisse d’un Vent-Froid ou d’un Vent-Chaleur) dans l’espace compris entre la peau et les muscles, la sensation de froid et les frissons sont également présents dans les invasions par le Vent-Chaleur, même s’ils sont moins intenses qu’en cas de Vent-Froid.

 

Fièvre

Quant à la fièvre, il est important de comprendre que les termes chinois de fa shao ou de fa re ne correspondent pas nécessairement à de la fièvre. La « fièvre » est un signe de la médecine occidentale moderne, pas de la médecine chinoise ancienne. Dans la Chine ancienne, il n’y avait pas de thermomètres et le symptôme de fa shao ou de fa re décrit dans les textes anciens ne veut pas obligatoirement dire que le patient a effectivement de la fièvre. Ces termes signifient littéralement « émission de chaleur » et ils signalent que le corps du patient est chaud au toucher, voire brûlant. Les zones concernées sont généralement le front et surtout le dos de la main (par opposition à la paume, qui a plutôt tendance à refléter la Chaleur-Vide).

       En fait, c’est une caractéristique de fa re (la soi-disant « fièvre »), au stade externe des invasions de Vent, que d’avoir un dos de la main plus chaud que la paume et le haut du dos plus chaud que la poitrine. Cette sensation objective de chaleur du corps du patient peut être ou non accompagnée d’une fièvre effective. Lorsque les symptômes de frissons et de sensation de froid surviennent en même temps que le signe objectif de corps chaud au toucher (ou de fièvre effective), cela traduit une invasion aiguë de Vent externe et montre que le facteur pathogène est encore à l’Extérieur. C’est plus précisément les symptômes de frissons et de sensation de froid qui indiquent que le facteur pathogène est encore à l’extérieur. Dès l’instant où le patient n’a plus froid mais chaud et, s’il est alité, où il rejette ses couvertures, cela signifie que le facteur pathogène est à l’Intérieur et qu’il s’est transformé en Chaleur.

Dans les pathologies externes, la fièvre, ou la sensation de chaleur du corps, est le résultat d’un combat entre le facteur pathogène externe et le Qi du corps. Ainsi, la force de la fièvre (ou de la sensation de chaleur du corps) reflète l’intensité de ce combat ; elle dépend de la force relative du facteur pathogène externe et de la force du Qi Correct. Plus le facteur pathogène externe est fort, plus la fièvre (ou la sensation de chaleur du corps) est élevée ; de la même façon, plus le Qi Correct est fort, plus la fièvre (ou la sensation de chaleur du corps) est élevée. Ainsi, la fièvre est à son maximum lorsqu’à la fois le facteur pathogène externe et le Qi Correct sont forts. On a donc trois situations possibles :

ü  facteur pathogène externe fort et Qi Correct fort : forte fièvre (ou forte sensation de chaleur du corps)

ü  facteur pathogène externe fort et Qi Correct faible, ou inversement : fièvre moyenne (ou sensation de chaleur du corps moyenne)

ü  facteur pathogène externe faible et Qi Correct faible : fièvre légère (ou sensation de chaleur du corps légère) ou absence de fièvre.

Toutefois, la force relative du facteur pathogène externe et du Qi Correct ne représente qu’un facteur déterminant l’intensité de la fièvre (ou de la sensation de chaleur du corps). La constitution de la personne est tout naturellement un autre facteur ; une personne qui a une constitution Yang (c’est-à-dire qui présente une prédominance de Yang) sera plus facilement atteinte par une invasion de Vent-Chaleur plutôt que de Vent-Froid et sera plus sujette à une forte fièvre (ou à une sensation de chaleur du corps). En fait, on pourrait dire que la constitution de la personne est le principal facteur qui, lorsqu’elle est la proie d’une invasion de Vent, va déterminer si ce Vent sera un Vent-Froid ou un Vent-Chaleur.

S’il n’en n’était pas ainsi, dans les froids pays nordiques, personne ne serait la proie d’une invasion de Vent-Chaleur, ce qui n’est pas le cas. C’est aussi ce qui explique que chez les enfants, les invasions de Vent-Chaleur sont bien supérieures à celles de Vent-Froid, car les enfants, comparés aux adultes, sont naturellement Yang. Il existe aussi des facteurs nouveaux et artificiels susceptibles de prédisposer une personne à une invasion par le Vent-Chaleur lorsqu’elle est atteinte par le Vent ; ce sont les endroits très secs avec chauffage central, certaines conditions de travail (par exemple, celles des cuisiniers, des ouvriers des aciéries), etc.

            Une épidémie de grippe se manifeste par des symptômes de Vent-Chaleur dans tous les cas.

Le plus important, lorsqu’on a un patient qui présente une infection respiratoire aiguë, est de déterminer si la pathologie est au stade externe ou interne, c’est-à-dire si le facteur pathogène est encore à l’Extérieur ou déjà à l’Intérieur. En termes de couches, cela revient à déterminer si c’est la couche du Qi Protecteur ou la couche du Qi qui est atteinte. La différenciation entre ces deux couches est relativement facile : si le patient craint le froid, le facteur pathogène est encore dans la couche du Qi Protecteur, s’il ne craint plus le froid mais au contraire craint la chaleur, le facteur pathogène est alors dans la couche du Qi.

 

            La grippe va donc toujours débuter par des manifestations semblables à celles d’une atteinte de la couche du Qi Protecteur. Si le facteur pathogène n’est pas expulsé au début de la pathologie, il va pénétrer à l’Intérieur et devenir de la Chaleur Interne.

            Une fois que le facteur pathogène est à l’Intérieur, le Qi du corps continue à le combattre à l’Intérieur : il s’ensuit une forte fièvre et une sensation de chaleur qui contrastent fortement avec la crainte du froid et les frissons qui surviennent lorsque le Qi du corps combat le facteur pathogène à l’Extérieur. À ce stade, les organes internes ne sont pas touchés et seul le système du Qi Protecteur du Poumon est impliqué. Lorsque le facteur pathogène passe à l’Intérieur, les organes sont touchés, plus particulièrement le Poumon et/ou l’Estomac (voir ci-dessous).

            Cette étape dans l’évolution de ces pathologies est cruciale car si le facteur pathogène n’est pas éliminé, il peut alors pénétrer plus profondément et provoquer des troubles graves (au niveau de la couche du Qi Nourricier ou de la couche du Sang) ou donner naissance à une Chaleur résiduelle qui est souvent, par la suite, la cause du syndrome de fatigue post-virale chronique.

            À l’Intérieur, les principaux tableaux pathologiques qui apparaissent sont des tableaux d’atteinte de la couche du Qi. En générale, dans ce cas, l’Estomac ou le Poumon, voire les deux, sont touchés.

 

 

TRAITEMENT PAR LES REMÈDES DES TROIS TRÉSORS

 

Chasse le Vent-Chaleur

Les invasions de Vent-Chaleur se traduisent par une crainte du froid, de la fièvre, de la soif, une gorge douloureuse, des courbatures, une angine, une otite, de la toux, un pouls Rapide et Flottant et une langue rouge sur les bords. Il faut prendre au moins 9 comprimés par jour. C’est le remède de choix en cas de grippe : prendre alors 12 comprimés par jour. On devrait toujours avoir Chasse le Vent en réserve chez soi lorsqu’on a des enfants.

            Notez bien que ce remède ne sert qu’au stade initial de la pathologie, lorsque le Vent est encore à l’Extérieur ; à ce stade, le patient présente la « crainte du froid » décrite plus haut.

 

Acupuncture

P-7 Lieque, GI-4 Hegu, TR-5 Waiguan, DM-14 Dazhui, GI-11 Quchi, P-11 Shaoshang (en cas d’angine), V-12 Fengmen avec ventouses, V-13 Feishu.

 

Libère le Métal

Libère le Métal a été conçu spécialement pour traiter la grippe qui a atteint la couche du Qi. Le signe le plus simple et le plus évident qui montre que l’invasion de Vent est passée de l’Extérieur à l’Intérieur est que le patient n’a plus froid et ne frissonne plus mais qu’il a chaud et soif. Les tableaux pathologiques les plus courants à ce stade sont la Chaleur du Poumon ou les Glaires-Chaleur dans le Poumon, et le patient présente alors une bronchite ou une pneumonie.

            Libère le Métal a été essentiellement conçu pour traiter la Chaleur du Poumon dans la couche du Qi lorsque le patient présente les symptômes suivants : toux, léger essoufflement, fièvre, sensation de chaleur, soif, sensation de constriction dans la poitrine et le haut du dos. Libère le Métal a aussi une forte action antivirale.

            La dose pour un adulte est d’au moins 9 comprimés par jour. Elle peut être augmentée dans les cas graves.

 

Acupuncture

P-7 Lieque, P-10 Yuji, DM-14 Dazhui, GI-11 Quchi, P-5 Chize, V-13 Feishu, P-1 Zhongfu.

 

Métal qui sonne

Métal qui sonne, qui est une variante de la Décoction qui libère le qi et transforme les glaires Qing Qi Hua Tan Tang, peut se prescrire en cas d’infection aiguë de la poitrine provoquée par une invasion de Vent, c’est-à-dire lorsque le facteur pathogène correspond aux Glaires-Chaleur dans le Poumon et affecte la couche du Qi. Les principales manifestations qui nécessitent la prescription de ce remède sont une toux consécutive à un rhume ou une grippe, l’expectoration de crachats jaunes, collants et abondants, un léger essoufflement, une sensation d’oppression dans la poitrine, parfois de la fièvre, de la soif, un sommeil perturbé, un pouls Plein et Glissant, une langue rouge avec un enduit jaune et collant. Le dosage est d’au moins 9 comprimés par jour.

 

Acupuncture

P-7 Lieque, P-10 Yuji, DM-14 Dazhui, GI-11 Quchi, P-5 Chize, V-13 Feishu, P-1 Zhongfu, RM-12 Zhongwan, RM-9 Shuifen, E-40 Fenglong.

 

Sentinelle de plantes

Sentinelle de plantes est un traitement préventif. Il renforce les défenses immunitaires et la résistance aux virus et aux bactéries en tonifiant le Qi du poumon et du Rein. Il faut le prendre pendant toute la période d’épidémie de grippe A à raison de 4 comprimés par jour (pour un adulte).

            Il existe deux remèdes appelés Sentinelle de plantes : Sentinelle de plantes – Yang et Sentinelle de plantes – Yin. Le premier est pour les personnes qui présentent une tendance au vide de Yang (qui ont une langue Pâle), le second pour celles qui présentent une tendance au vide de Yin (qui ont une langue partiellement ou totalement dépourvue d’enduit).

 

Acupuncture

P-7 Lieque, P-9 Taiyuan, V-13 Feishu, DM-12 Shenzhu, RM-12 Zhongwan, RM-4 Guanyuan, Rn-3 Taixi, V-23 Shenshu.



[1] Site web duWorld Health Organization, July 2009, http://www.who.int/csr/disease/swineflu/frequently_asked_questions/about_disease/en/index.html

[2] Ibid.



21/03/2020
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